26
Nov
2021

ÉTIQUETAGE DES POTS DE MIEL

Date de durabilité minimale et critères appréciation d’un vrai miel

L’étiquetage du miel requiert la mention d’une « date de durabilité minimale », sous la forme jour/mois/ année.

Cette notion de date prête très souvent à confusion d’autant que cette mention légale à caractère temporel n’est pas une indication qui permet d’évaluer de la « fraicheur » d’un miel.

La nature du miel, les manipulations qu’il subit lors de la récolte et du conditionnement tout comme ses conditions de stockage sont autant de facteurs prépondérants.

Bien sûr, ces informations qui mettent en lumière le respect du produit depuis la fleur jusqu’au pot ne sont pas obligatoires ; mais elles sont pourtant déterminantes quant à la fraicheur du miel commercialisé.

Qu’est-ce qu’une date de durabilité minimale ?

Les produits alimentaires préemballés comportent une mention indiquant la date limite de consommation (DLC) ou la date de durabilité minimale (DDM). Dans le cas du miel, la mention légale est une DDM.

Contrairement à la DLC, la DDM est une notion mal appréhendée.

La DDM, terme qui a remplacé la date limite d’utilisation optimale (DLUO), n’a pas le caractère impératif de la DLC.

Une fois la date passée, la denrée peut avoir perdu une partie de ses qualités spécifiques, sans pour autant présenter un risque pour celui qui le consommerait.
Ainsi, il n’est pas nécessaire de jeter les produits concernés quand la DDM est dépassée, pourvu que leur emballage ne soit pas altéré [1].

Ce dispositif qui s’applique aux miels concerne d’autres denrées alimentaires comme le café, les aliments de diététiques infantiles ou les pâtisserie sèches.

Le véritable potentiel de conservation est propre à chaque miel

Le miel doit sa capacité de longue conservation aux processus de transformation biochimique dont les abeilles ont le secret.
C’est ainsi que fut retrouvé du miel comestible dans des tombeaux de pharaons égyptiens.

La conservation naturelle est donc une caractéristique intrinsèque au miel.

La durée de conservation diffère selon les natures de miels aux paramètres physico-chimiques variables (pH, l’humidité, fructose, glucose…) influençant leur durée réelle de fraicheur « acceptable ».
Ainsi, la règle générale s’applique avec une approximation inévitable.

La réglementation est partie d’un principe qu’un miel conserve un potentiel de fraicheur suffisant au moins pendant les deux années suivant sa mise en pot.

Cependant, ce principe fait l’impasse sur la durée de stockage du miel avant sa mise en pot.
Or, tout miel « vieillit » dans le temps ; et perd de sa concentration en éléments actifs. L’intérêt diététique, gustatif et bien sûr thérapeutique du miel ne peut qu’en pâtir… Parfois lourdement. Le produit mis en vente, appelé encore « miel » n’en a pas, même plus du tout, les vertus !

Éléments d’appréciation d’un miel de qualité

Pour opérer cette conservation optimale, les abeilles stabilisent, notamment le taux d’acidité qui s’exprime en PH.
La plage de valeurs de pH des miels est assez étendue avec une grille de référence afin de juger de la fraicheur de chaque variété : allant de 3 à 6 [2].

Un miel de miellat (sapin, certains miels corses…) se dégradera moins rapidement qu’un miel de nectar par exemple (acacia, tilleul…).

D’autres éléments qui relèvent de l’analyse psycho-chimique permettent d’établir le « passé » du miel et ainsi de bonnes pratiques apicoles mais aussi d’apporter des garanties que tel miel est exempt de toutes fraudes.
Sans s’attarder dans trop de détails scientifiques, voici quelques valeurs d’appréciation :
– La teneur en acide libre qui en la quantité d’acide actif par kilo de miel. Elle peut révéler des résidus de traitements apicoles contre les parasites ou une fermentation.
– La teneur en HMF est un « indice de vieillissement » qui augmente avec la durée du stockage ou le chauffage du miel. La teneur en HMF reflète donc l’âge et le passé thermique du miel.

– L’indice diastasique est un indicateur pour vérifier s’il y a eu stockage dans de bonnes conditions ou que le miel n’a pas été surchauffé ou à répétitions.
Les enzymes sont très sensibles à la chaleur et au vieillissement.


Enfin, la mélissopalynologie, l’étude des grains de pollens présents dans les miels permet aujourd’hui grâce à une banque de données, d’échantillons de garantir l’origine géographique et l’appellation florale.

Manipulation des miels et conditions de stockage : attention aux maladresses, négligences et abus !

La manipulation du miel

Un miel se récolte avec un taux d’humidité inférieur à 20 % avec une vigilance afin de ne pas réabsorber d’humidité au cours de son extraction et de sa mise en pots.
Car, le miel est très hygroscopique : c’est à dire qu’il absorbe naturellement l’eau contenue dans l’air jusqu’à ce qu’un équilibre s’établisse.

Un miel finit toujours par cristalliser dans le temps ; mais plus ou moins rapidement ou lentement.
C’est encore un paramètre propre à chaque miel, qui n’est guère maitrisable…

Le consommateur a malheureusement été trop habitué à trouver des miels « liquides » dans les rayons des supermarchés.
Un chauffage brutal lors de la mise en pots est malheureusement le cas dans des processus industrialisés où la « culture » du produit est faible et le « rendement » est le maitre mot.

Lors de sa mise en pot – et parfois même de son extraction – si sa viscosité n’est pas suffisante, et qu’il est nécessaire d’élever sa température pour le fluidifier ; cet échauffement doit être fait très progressivement et ne pas excéder 40 °C.

C’est la même chose si au moment de le consommer le miel est cristallisé et que vous souhaitez le fluidifier, optez pour le bain-marie.

Suprême raffinement, si vous ajoutez du miel dans une tisane, faites-le juste au moment de le boire, quand la température est la moins élevée.


Si en France nous consommons 40 000 tonnes, nous en produisons 10 000 tonnes.

Sa raréfaction incite de plus en plus aux fraudes et ceci ne va pas en s’arrangeant avec les menaces qui pèsent sur les abeilles.

Afin de pouvoir répondre à la demande de ce produit si plébiscité, les conditionneurs ont recours à l’assemblage et à la standardisation du miel infacto.
Plusieurs récoltes de provenances et d’années différentes sont brassées faisant perdre toutes les spécificités propres aux produits de terroirs.

La réglementation européenne de 2001 autorise les mélanges de miels. En plus, du fait que les caractères particuliers à chaque terroir et chaque année disparaissent, le contrôle des fraudes, lui-même, est rendu plus difficile, notamment concernant leur origine. Cela a donné lieu à des dérives difficilement sanctionnables.

La réglementation a évolué en 2020 et impose aujourd’hui de mentionner – au lieu d’une indication vague : originaire de la CE ou non originaire de la CE – les noms des pays d’origine. Ainsi si votre miel français est mélangé, avec des miels de provenance d’autres pays, cela apparaitra sur l’étiquette !

Ainsi un miel de fleurs français peut être un miel issu d’une seule récolte effectuée par un apiculteur sur une zone géographique déterminée mais aussi de plusieurs miels assemblés par une coopérative apicole ou un grossiste.

Le miel dont on connait explicitement l’origine est celui où le nom de l’apiculteur figure, qu’il soit commercialisé en direct ou par un intermédiaire. Cela reste la meilleure garantie d’origine.

Les conditions de stockage

Le miel doit être conservé dans un endroit sec, à l’abri de la lumière et de la chaleur, dans un contenant parfaitement hermétique.

En conséquence, notamment, un pot de miel dont la capsule n’est plus étanche doit être retiré de la commercialisation et ceci quelques soit sa DDM.

Quand les miels sont commercialisés par de grands distributeurs – qui sont de bons logisticiens mais de bien piètres connaisseurs de ce produit qu’ils stockent et transportent – les conditions de stockage sont loin d’être optimales, particulièrement sous des températures extrêmes.

Par ailleurs, des initiatives commerciales « astucieuses » comme mettre un présentoir de miels, dans une vitrine en plein soleil ou dans les rayons de produits frais à fort degré d’hygrométrie peuvent, par ignorance, tourner au fiasco.

3ème produit le plus frelaté dans le monde après l’huile d’olive et le lait, le miel superaliment de la ruche, aurait besoin d’un cadre plus réglementé.
Même si des démarches ont été prises en ce sens, la route est encore longue.

La traçabilité des miels semble la voie permettant de garantir leurs qualités ceci avec l’œil averti des consommateurs.
Le spectre pollinique d’un miel (pourcentages des pollens des différentes espèces), les critères d’analyses chimiques, l’examen organoleptique mais encore nutritionnel permet de garantir qu’un miel est frais, stable, vivant et authentique. 

Chez Un Toit Pour Les Abeilles, nous analysons chaque année avec un laboratoire indépendant, plusieurs centaines de lots de miels qui sont destinés aux parrains.
Nous sommes les garants d’un niveau de qualité pratiqué par les apiculteurs du réseau.
Vous pouvez donc consommer en toute tranquillité le miel de vos petites protégées.

Sources :

Un Toit Pour Les Abeilles, Yves R. apiculteur du réseau et Marie-Astrid Damaye, Docteur en Pharmacie et Phytothérapeute, co-auteur du livre « Les Produits de la ruche, de leur production à leur usage » – Editions du Puis Fleuri.


[1] Fiches pratiques – dates limite de conservation et de durabilité- DGCCRF – JUILLET 2021

[2] « Les produits de la ruche, de leur production à leur usage » Yves Robert et Marie-Astrid Damaye éditions du Puits Fleuri 2021

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