Apiculteurs en colère : Le désarroi d’une filière
1. Agriculteurs, apiculteurs même combat.
Depuis plusieurs jours, les agriculteurs de France ont exprimé leur désarroi face aux difficultés grandissantes de la filière. Charges financières trop lourdes, normes environnementales qui s’intensifient et se durcissent etc…Pour tirer la sonnette d’alarme, les agriculteurs de France ont décidé de mettre en place des actions « coup de poing » début février 2024. Plusieurs blocages sur les principales autoroutes de France et les itinéraires secondaires ont ainsi été réalisés avec un enjeu affiché : protéger l’agriculture française en péril.
Les apiculteurs de France, impactés eux aussi par l’importation massive de miels en provenance de l’étranger et par la mise en pause du plan Ecophyto leur ont emboité très vite le pas.
Depuis plusieurs mois, Un Toit Pour Les Abeilles, l’UNAF et les apiculteurs tirent la sonnette d’alarme sur la crise qui touche la filière apicole professionnelle qui peine à écouler sa production de miel en vrac. Dans certains cas, lorsque les apiculteurs parviennent à trouver des grossistes prêts à acheter leur miel, ils se voient contraints de vendre leur miel à un prix très proche, voire parfois inférieur, à leur coût de revient.
Le 30 novembre 2023 déjà, plus de 500 apiculteurs français s’étaient rassemblés Place de la République à Paris pour crier leur désarroi.
Parmi les slogans scandés durant la manifestation : « Non Non Non au miel d’importation, Oui oui oui au miel produit ici », « Achetez du miel français, achetez du miel local ! », « Apiculteurs professionnels en danger, consommez du miel français »…
Un Toit Pour Les Abeilles s’engage à son échelle à soutenir la filière en proposant via le parrainage de ruche, l’achat responsable de miel français de qualité, valorisé au juste prix pour permettre aux apiculteurs du réseau de vivre de leur métier.
Céline M.J., apicultrice du réseau dans le Vercors témoigne
2. Du miel français qui ne trouve pas sa place dans nos rayons.
Des exploitations apicoles remplies de miels français qui dorment, pendant que les étales de nos commerces regorgent de miels de provenances diverses et variées.
Les apiculteurs ont mis en place des actions chocs pour alerter le grand public et le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire. Car il s’agit bien de cela dont en parle.
Les apiculteurs produisent moins de miel que la consommation nationale annuelle, pourtant ils n’arrivent pas à le vendre. La raison : l’importation de miels à bas cout provenant de l’étranger.
Parmi les actions « coup de poing », des apiculteurs ont intercepté un camion à Salon-En-Provence transportant du miel en provenance d’Ukraine et à destination de la France.
Les apiculteurs ont intercepté un camion de miel en provenance d’Ukraine © Christian Mathieu / FTV
Des apiculteurs collent des étiquettes dénonçant la concurrence déloyale des miels d’importation à bas prix, dans un supermarché des Arcs-sur-Argens (Var), le 21 décembre 2023. • © Alexandre Dequidt / France Télévisions
Dans de nombreuses enseignes, les pots de miel en provenance de l’étranger ont été retirés des rayons pour alerter sur l’importation massive de miels à bas prix et mettre en avant la place quasi inexistante des miels français dans nos magasins. Au cœur de la détresse des apiculteurs, « une concurrence déloyale » issue du miel « importé en France à moins de 2€ » Apiculteur de profession, Henri Clément dénonce : « Une large augmentation des importations qui représentent 30 000 des 42 000 tonnes de miel consommées en France. »
3. Un plan Ecophyto en pause qui se rajoute aux tensions actuelles.
Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et Garbiel Attal, Premier Ministre ont annoncé le 1er février 2024, la mise en pause du plan Ecophyto. Ce plan lancé en 2008 avait pour objectif de diminuer de 50% l’usage des produits phytosanitaires pour entamer une transition verte. La mise en pause de ce plan écophyto va entraîner des conséquences préoccupantes sur les abeilles et la filière déjà mal menées. Les abeilles sont exposées à des risques accrus de mortalité et de dégradation de leur santé. Quant à la production de miel, dépendante de la santé des abeilles, elle risque de se réduire encore.
4. Comment soutenir la filière ?
Pour lutter contre « un avenir qui se dessine où des apiculteurs devraient mettre la clé sous la porte« , l’UNAF et les apiculteurs demandent une large réglementation pour empêcher l’importation à bas prix et obliger l’achat de miel par les conditionneurs à un prix rémunérateur. « Il faut qu’ils jouent le jeu, qu’ils se préoccupent un peu de nous« , alerte le porte-parole du principal syndicat apicole français.
Autres demandes formulées par les apiculteurs professionnels :
- Créer un prix plancher aux frontières de l’Europe
- Obliger la grande distribution à vendre du miel français avec des quotas obligatoires
- Relancer une communication positive sur la qualité du miel. La grande fraude sur le produit miel aurait généré une défiance du consommateur qui se détourne du miel et préfère les pâtes à tartiner et autres confitures à défaut de s’assurer de la qualité des miels des rayons.
- Accentuer les contrôles aux frontières des miels qui rentrent sur le territoire pour s’assurer de la qualité des miels mis en concurrence avec les miels français.
Manifestation d’apiculteurs sur la palce Bellecour à Lyon lundi 5 février 2023 © Nicolas Depoorter/Fondation GoodPlanet
Un Toit Pour Les Abeilles et aujourd’hui Farouche.fr font leur part en proposant du miel français, produit dans les règles de l’art d’une apiculture engagée. Les apiculteurs Un Toit Pour Les Abeilles sont à ce titre signataires d’une charte de bonnes pratiques environnementales et apicoles.
Parrainer une ruche c’est donc acheter du miel local de son apiculteur au juste prix rémunérateur.
Un apiculteur témoigne :
« Il faut qu’on fasse prendre conscience aux consommateurs, que consommer du miel français, c’est un acte responsable, c’est faire vivre la filière, c’est faire vivre les apiculteurs. Parce qu’on peut importer du miel mais on ne pourra pas importer la pollinisation. Nous faisons tous ce métier par amour de l’abeille, par amour de la vie ». Une Saison Aux Abeilles – USaA – Léandre